Prospective de la Science : Lever le Tabou !
PROSPECTIVE DE LA SCIENCE : LEVER LE TABOU !
INTRODUCTION
La science prétend s'inscrire dans une double démarche réflexive et prospective. La première relève de l'évidence depuis sa naissance dans des Temples anciens, voire préhistoriques quand elle est fondée sur la connaissance ou gnose des processus tant naturels qu'artificiels. La seconde suppose l’exploration prospective de la science dans toutes ses dimensions. Également connue sous le nom de prospective de la science, elle se fonde sur une méthodologie exploratoire pour étudier la science en vue d’accroître son patrimoine et réduire sa privatisation ou son détournement par des groupes d’intérêt à agenda privé. Qualifiée de préventive ou descriptive selon que cette méthodologie repose sur l’évaluation prospective ou l’analyse prospective de politique, elle explore la science dans le temps et dans l’espace, le plus loin et le plus large possible.
Il existe une multitude d’exercices dont certains affichent des prétentions globales. La plupart relèvent cependant de la veille (technologique) prospective (stratégique) et s’inscrivent principalement dans une démarche de type anticipatrice réduisant la prospective au futurisme. Le recours à une méthodologie normative y est pour beaucoup alors qu’elle juste conçue pour exploiter certaines opportunités telles que les retombées de la recherche fondamentale ou le leadership en matière d'innovation disruptive. On ne saurait mieux réduire la science à un agrégat de normes et standards voire de propriétés intellectuelles.
:MOTS CLES
Science, Prospective, Divin, Gitatendance, Méthodologie normative, Magastna !
LEVER LE TABOU : UN DEVOIR, UNE OBLIGATION
C’est ainsi que la prospective de la science reste un sujet tabou voire un sacrilège. Autant inventer une autre religion universelle, espèce vivante ou planète habitable. Il en est ainsi quand la scientifisation du divin bascule dans la divinisation de la science. La peur de l'avenir y est sans doute pour beaucoup quand « Hic Sunt Leones" (G. Berger : Phénoménologie du Temps et Prospective ; Puf ; 1964) en fait une science de la guerre et déclenche cette guerre contre la science. La distance extérieure à la science fait frémir plus d'un. Pourquoi donc aller chercher ce qui s'est passé avant le début de la réflexion scientifique et technique à l'école ionienne (~585) qui prétend être à l'origine de la connaissance et de la sagesse si ce n'est que pour y trouver de la grossièreté ou de l'ignorance ?
Tant de penseurs se mettent à prouver que seuls les dieux détiennent le savoir (sophia) comme le fit Socrate un siècle plus tard avant ~ 369, puis Aristophane, Platon, Xénophon, Aristote, Perceval, Machiavel Léonard de Vinci, Shakespeare, Gongora, Kepler, Holbein, Newton, Einstein, Kierkegaard, Nietzsche, Lacan... Tout initié part tel un mystique à la conquête de la Clef du Monde en refusant sa diversité. Nul plus que ce dialogue monologué n'illustre l'hérésie que représente l’exploration prospective de la science : "tu poursuivais la connaissance - dit Phèdre à Socrate. Les plus grossiers essaient de préserver désespérément jusqu'aux cadavres des morts. D'autres bâtissent des temples et des tombes qu'ils s'efforcent de rendre indestructibles. Les plus sages et les mieux inspirés des hommes veulent donner à leur pensées une harmonie et une cadence qui les défendent des altérations comme de l'oubli" (Eupalinos ou l'architecte (La Pléiade, vol II Gallimard, 1971). C'est ainsi que P. Valery enterre définitivement les ambitions de toute méthodologie exploratoire au risque d’inspirer E. Morin ce jugement sans appel : « nous, habitants du monde occidental et occidentalisé subissons sans en avoir conscience 2 types de carences cognitives : 1) les cécités d'un mode de connaissance qui, compartimentant les savoirs, désintègre les problèmes fondamentaux et globaux, lesquels nécessitent une connaissance transdisciplinaire. 2) l'occidentalo-centrisme qui nous juche sur le trône de la rationalité et nous donne l'illusion de posséder l'universel (La voie. Pour l'avenir de l'humanité, Paris, Fayard, 2011).
Plus qu'un devoir pour mettre fin à ses rapports avec le divin, lever ce tabou est une obligation ne serait-ce que pour éviter l’écueil divinatoire et tous ces pièges qui plongent le monde dans la tour de confusion depuis des millénaires. Surtout alerter quand l’attitude « acheiropoïète » de ce winner-take-all déclenche en temps réel et dans l’indifférence générale un nouvel holdup scientifique alors qu’il incarne la plus caricaturale figure de l’entrepreneur politique, ignore tout de la méthodologie normative ce minuscule pas vers la science et son exploration prospective. Autant inciter Gilgamesh à organiser un autre Déluge plus sélectif.
ECUEILS ET PIEGES A EVITER
Tout exercice de prospective de la science suppose le recours à un paradigme méthodologique qui aide à découvrir la réalité scientifique, à travers sa forme, sa nature et sa relation avec les scientifiques. La méthodologie est dite exploratoire quand elle inscrit la science dans le multi-spatial sans exclure aucun espace et le multi-temporel en remontant à ses origines avant de se propulser à l’horizon d’un millénaire au moins.
Les rares exercices de portée globale qui prétendent s'y inscrire se contentent d'un seul niveau d'analyse (défis) avec un accent sur les vagues ou révolutions technologiques. Il en est ainsi pour tous ceux réalisées par les agences internationales telles que Banque Mondiale, Fao, Onudi. De même pour celles qui abordent en plus la question de la science : Ocde, Unesco, Pnud.L’exercice de l’Ocde " Megatrends affecting science, technology and innovation, Oecd, 2016 http://oe.cd/STIO16 " affiche une ambition exploratoire sans pour autant prendre la peine d'effectuer une distinction au sein de ces mégatendances entre celles qui sont réellement multiséculaires (démographique, environnementale, socioéconomique) et celles qui relèvent des incertitudes radicales (globalisation, géopolitique, régionalisation, pauvreté..). Pire, il y inclut des incertitudes d’ordre conflictuelles entre acteurs (gouvernements, groupes d’intérêt…) autour d'un enjeu de souveraineté et d’autres, tout au plus consensuelles (politique, sociale, économique) autour de défis stratégiques (pôle de croissance, productivité, travail, genre, santé, bien être). Ainsi, la question des réponses possibles à chaque niveau est totalement évacuée. Pour chaque « megatrend », spécification de l’invariant et des facteurs de ruptures. Pour l’ensemble des questions clés, se lancer dans un « crafting » de scénarios exploratoires. Pour le reste (enjeu, défi, problèmes urgents), cerner la vision à long terme, les options de transformation à moyen terme, et les actions immédiates face aux urgences.
La principale, voire unique giga-tendance - le rapport au divin - est ignorée alors qu’elle omniprésente dans tous les espaces ou continents, bien avant l'apparition des religions mésopotamiennes (~3200). La cliométrie classique n'est pas vraiment l'instrument adapté pour en apprécier la dimension multimillénaire et multi-spatiale. Au-delà de ces limites, les mégatendances classiques envoient néanmoins des signaux ou sont des facteurs de rupture de la science.
Le mandat de l'Ocde ne l'autorise pas à lever un tel tabou et aucun des pays membres ne s'impliquera dans un tel exercice. Ce n’est pas le cas de l’ONU qui depuis les années 70 s’efforce d’inscrire la recherche scientifique et le développement technologique dans l’agenda international (Unesco, Université des Nations Unies) ainsi que la prospective et la futurologie à travers une grande variété d’initiatives. De là à faire le lien entre les deux. Un pas timide est néanmoins franchi quand, dans le cadre de travaux préparatoires du Sommet de l'ONU sur le 3e Millénaire, le projet « Millénaire pour l'Afrique » examine à la vitesse éclair (15 jours) comment "Mettre la science et ses réseaux au service de l'Afrique » (S.D. Sy 2001). Comme son titre l’indique, il se concentre sur un seul continent à l'horizon d'un demi-siècle sans pour autant remonter aux giga tendances encore moins se propulser à l’horizon +3000. Dans la foulée, une note pro bono attribue ce mandat à l’Unesco en vue aussi de réduire le gap avec le reste du monde de « l’Afrique dans la société fondée sur la connaissance ; une analyse prospective concept paper » (S.D. Sy, 2002).
Tous les regards se tournent vers la seule agence ayant inscrit la science dans son mandat à savoir l'Unesco. Depuis sa création en 1960, elle affiche sa triple ambition : définir le "Rôle de la science et de la technologie dans le développement économique" (EDPS n° 18, 1971), rassembler quelques-unes des découvertes du 20“ siècle dans « La pensée scientifique (1978), publier le "Rapport sur la science en 2030 (2016), afficher sa prétention à non seulement "Transformer le futur (l'anticipation au XXIe siècle ; 2018) mais à "Repenser nos futurs ensemble" (2021) même si c'est limité à un nouveau contrat social pour l'éducation. On ne saurait mieux tourner en rond autour du sujet. Sans doute dans l'attente d'un autre "moment ionien", avant de l'aborder dans le fonds à l'aide d'une démarche prospective qui ne se limite pas à une littératie des Futurs et Prospective. Surtout quand le monde évolue vers un modèle de société fondée sur la connaissance. La série "Etudes et Documents de Politique Scientifique (EDPS) fait donc de l’Unesco le précurseur des études normatives sur la recherche scientifique qui en inspiré plus d’un et des exercices sur le déploiement de l'activité scientifique dont une consacrée à l'Afrique intertropicale dès 1967 (n° 11) après en avoir effectué pour sept pays dont les Usa.
Le potentiel l’Unesco pour lever ce tabou n’est pas seulement limité par l’approche plutôt évaluative voire prescriptive adoptée dans ses exercices. Il est sérieusement entravé par les relations chaotiques entretenues avec ce dépositaire de la science qui à deux reprises rompt ses relations avec l'organisation (1984-2003 et 2017-2023). Le prochain retrait, sans doute courant 2025, servira de prétexte pour ne rien faire quitte à évoquer des raisons financières. On voit mal le Gouvernement américain mettre à la disposition des agences des Nations Unies, encore moins de l'Unesco l'équivalent d'un Télescope d’exoplanètes tel James Webb de la Nasa pour explorer en profondeur la terre entière et celui d'un "Oracle Pythique » tel System Model du Mit pour la scruter à l'horizon d'au moins un siècle. Il ne l’a fait même pas pour les différents exercices "Global Trends" ne serait-ce que pour inciter National Intelligence Council (NIC) à inscrire sa science du futur ou futurologie dans la « distance extérieure ».
Metascience - une initiative récente aux US - ouvre néanmoins une piste quand elle ambitionne de redéfinir la méthodologie pour résoudre les problèmes de la science en train de se faire sans pour autant exclure d'en explorer l’avenir. A ce stade Metascience ne s'intéresse pas aux gigatrends scientifiques depuis les temps anciens ne serait-ce que pour en identifier les ruptures majeures. Des ruptures susceptibles d'interférer avec les incertitudes radicales qui entourent la science fondamentale et conflictuelle, font des sciences de transfert un enjeu majeur pour tous ses acteurs engagés soit dans la scientifisation de la politique soit dans la politisation de la science au point de remettre en cause les attributs traditionnelles de la souveraineté de l'état.
Il n'empêche, les signaux émis depuis l’Etat Fédéral invitent à scruter de près ses rapports avec la science quand il tourne autour, par sa divinisation et sa politisation.
ALERTE
S'il y a un pays qui entretient des rapports singuliers avec le divin c'est bien les Usa, laboratoire idéal de toute exploration prospective de la science. Un pays qui doit sa naissance à une série de holdup scientifiques au point de s'ériger en Hegemon, afficher une attitude de type acheiropoïète. La divinisation de la science opère par vagues technologiques et grappes d’innovations disruptives au point de « fomenter des révolutions reproductibles » dans tous les domaines sous couvert de Darpa.
La Grande Dépression (1929) y contribue quand la cause rédemptrice (redeemers) impulsée par les Loi Jim Crow adoptées en 1877 et abolies en 1964, autorise la ségrégation et légalise toutes formes d’autoritarisme au XXe siècle : nazisme, fascisme et apartheid en particulier. Au lieu de provoquer un autre déluge sélectif, la divinisation de la science bascule dans sa politisation tel un enchaînement cumulatif à effet dépressif profond : krach boursier, chômage, faillite, passivité, thésaurisation de l’or, déflation, protectionnisme. Le premier New Deal (1933-1943) consacre néanmoins le désir de « dire la vérité au pouvoir », par la scientifisation de la politique. Le Gouvernement de L’Etat Fédéral crée en conséquence le National Resources Planning Board, NRPB (1933) déclenchant l’opposition du Congrès et de la Cour Suprême qui obtiennent sa fermeture une décennie plus tard. C’est dans ce contexte difficile que nait pourtant une connaissance transdisciplinaire ou Policy Analysis Science, théâtre d’innombrables « paradigms wars » autour de son noyau dur (Analyse Positive) et de sa couronne protectrice (Analyse Normative) et dont il réussi en moins d’un siècle à opérationnaliser la méthodologie.
La 2e Guerre Mondiale et la Guerre Froide font le reste quand Manhattan Project (1943-45) fait basculer la science de la guerre dans la guerre puis l’exode des cerveaux et de leur "kidnapping" pour fabriquer des bombes nucléaires, alimenter la course aux armements y compris dans l’espace interstellaire. Il structure l’agenda scientifique mondial autour d’un modèle de système d’innovation nourri d’externalités de réseaux qui impulse une société fondée sur la connaissance au profit de trois pôles : académie, gouvernement, militaire. Une approche de type « Triple Hélice » qui interpelle quand elle assimile chacun de ces acteurs à un des trois paradigmes - dans l’ordre, méthodologie, épistémologie, ontologie - fait de la science un enjeu, une ressource nationale émettant une multitude de signaux et de bruits annonciateurs de ruptures radicales, relatives, créatrices, destructrices selon le cas. Par ailleurs, à la distinction traditionnelle entre sciences pures et connaissance utile ou capital, se substitue une autre entre connaissance scientifique ou science fondamentale, savoir ou sciences appliquées (de transfert, policy analysis, cognitives…), information ou sciences de l’artificiel, données ou sciences de l’ordinateur (numérique, Big Data, IA, crypto-quantique…).
Le signal le plus évocateur vient de son rapport avec la méthodologie scientifique, l’approche dite "normative", en particulier qui puise dans le « réalisme naïf » avant que la dérive positiviste en acte le déclin au profit de la méthodologie exploratoire de type évaluative ou prospective selon le cas.
L’opérationnalisation de la méthodologie normative prend une tournure exceptionnelle avec la création du United States Government Accountability Office (Gao), véritable précurseur dès 1921. L’Etat Fédéral anticipe l'onde longue de croissance (1945-1970) en investissant massivement dans la recherche quantitative et qualitative. La science de transfert dont l'ingénierie des systèmes complexes permet des exploits à travers Sage, Atlas, Rand, Delphi et facilitent les interactions au sein du complexe militaro-industriel-académique, force motrice de la triple hélice.
Un pas décisif est franchi quand Gao réussi dès 1972 à opérationnaliser la méthodologie normative à travers le Yellow Book publié en 1980, puis sous forme de Government Audit Standards (GAS) en 1988 qualifiés selon leurs objectifs : audits financiers ou audits de performance, enfin en effectuant parmi ces derniers la distinction entre les audits de l’économie et de l’efficience et les audits de programme. Devenus Generally Accepted (Gagas), elles sont répliquées dans toutes les Cours des Comptes du monde, dès 1953 avec la création de "International Organization of Supreme Audit Institutions (INTOSAI). Une réplique mécanique, sans aucun apport théorique ou conceptuel, aussi bien par les Nations Unies à travers JIU (Normes de Gouvernance Joint Inspection Unit ; 1976 ; Norms and Standards for Inspection 2013 ; The Norms and Standards for Evaluation 2012, General Principles and Guidelines for Investigations 2013) et Cepa (Committee of Experts on Public Administration Strategy guidance note on Multi-Level Governance 2024). De même en Europe dès la création de la sienne en 1977 puis l’Ocde (Normes de qualité pour l’évaluation du développement 2010). Cette période est aussi celle du capitalisme cognitif, scandée par des efforts soutenus pour consacrer la figure de l’entrepreneur politique, détourner la recherche scientifique au profit de ses idéologies politiques.
Le statut de couronne protectrice est interpellé en tant que terrain favori des plus grandes controverses - égalité vs équité, approche évaluative vs prescriptive, approche commutative vs redistributive - accentuant l’emprise des Groupes d’Intérêt à Agenda Privé (Giap) et des normes sur le courant positiviste. Leur activisme au sein de la « Triple Helice » déclenche collusion et capture. Bien plus qu’un simple dualisme tel que formulé par Stuart W. Leslie dans « The Cold War and American Science: The Military-Industrial-Academic Complex at MIT and Stanford. Columbia University Press, 1993 ». Leur pouvoir se renforce à mesure que les chocs et crises se multiplient avant d'atteindre le comble suite aux attaques du 11/09 et l'invasion de l'Irak. Le coup exorbitant de cette guerre et les conséquences sur le rapport aux alliés et partenaires mettent l'action de l'état à rude épreuve au point d'affecter la validité et la fiabilité de l'approche normative. Celle dernière est à présent à la croisée des chemins : rester cet oxymore ayant amorti les dégâts causés par la dérive positiviste depuis les années 80, dont « Tina Reagan » consacre la scientifisation de la politique à la suite du « tournant argumentatif », quitte à faire évoluer la boîte à outils ; ou basculer dans l’univers « Science Bush », le concept caméléon à l’origine de tant de désastres : bulle financière (2000), attaques du 11/09 (2001), guerre en Irak (2023), crise des subprimes (2006) et Grande Récession (2008).
Plusieurs signaux l’inscrivent à ce stade dans cet univers. L’Etat Fédéral devient progressivement un enjeu dès lors que les attributs de sa souveraineté sont pris dans un étau malgré deux alertes. La première (Gao, 2022 : GAO-22-3SP Trends Affecting Government and Society) pointe le sort de deux attributs - fiscal et monétaire - si la dette surpasse de 200% le PIB en 2048 se traduisant par la perte de tout pouvoir de prêteur et de marché. La seconde (US Department of Defense: 2022 National Defense Strategy ) disponible en 2024 pointe à son tour la perte de l’ attribut militaire dès à présent quand « les chances des États-Unis de participer à une guerre majeure sont les plus élevées depuis 80 ans, et leur armée n’est pas préparée à y faire face ». Les deux rapports s’accordent sur un diagnostic sévère : « pas (suffisamment pour le premier) préparés » face au risque de bascule du statut d’acteur majeur ou Hegemon à celui d’enjeu ou proie au profit de partenaires malin (tentionnés) et des ennemis. Leur surmédiatisation déclenche deux clameurs - Hitler Reviens ! Jim Crow Reviens ! - qui polluent l’atmosphère mondiale depuis, au point de propulser au-devant de la scène des figures d’entrepreneur politique affichant ouvertement en incarner toutes les formes y compris les plus caricaturales. Les décisions prises depuis ambitionnent tout simplement de reconfigurer l’Etat Fédéral suite à l’abandon de la méthodologie normative au profit d'un modèle d'analyse réducteur fondé sur un seul mode (Department), niveau (Gouvernement) et critère (Efficience).
Le changement de paradigmes ne tient même pas compte des progrès de la recherche pourtant consacrés par GAO grâce au modèle multimode (département, agence, programme…), multi-niveau (du local au fédéral, du national au mondial) et multicritères (cohérence, atteinte des objectifs, efficacité, efficience, pertinence, impact). Néanmoins cela suffit pour structurer l'agenda mondial tout en suscitant un tourbillon de critiques dont celles du milieu scientifique le plus impliqué dans la méthodologie normative ( Hks, Mit...). Cependant aucune alerte sur la nature réelle de ce changement quand les mesures prises servent de contre feu pour effacer toute trace susceptible de conforter l'hypothèse avancée par J. Stiglitz sur les Three Trillion Dollar War (Nber) de plus en plus robuste à l'occasion d'une No-Fly-Zone au dessus de l’Irak en 2003 et confirmé en 2008 sur le coût réel de cette guerre. La dégradation de la note du Complexe Militaro-Industriel-Académique-Monétaire (Miam) des Us oblige les groupes d’intérêts et réseaux ubiquitaires à chercher des bouc-émissaires et noyer les preuves. Les plus visibles d’entre eux se lancent à leur tour dans un holdup pour récupérer au moins $2 trillion” des $6.75 trillion du budget fédéral, quitte à recruter des volontaires ou de la "chair-à-canon » moyennant $5000. C’est ainsi qu’une « police scientifique », décrète en toute ignorance, l'abandon de la méthodologie normative au profit d'une prétendue « science normative », plonge dans un « Tripe Trap » entrainant tout un pays dans la « Fatal Error ».
Le voilà à présent dépouillé de tous ses attributs de la souveraineté au profit des plus visibles milliardaires et panneaux publicitaires 2.0.
Le Secret Défense étant levé, tout acteur concerné est prié de s’inscrire dans cet autre clameur :
La Grande Dépression (1929) y contribue quand la cause rédemptrice (redeemers) impulsée par les Loi Jim Crow adoptées en 1877 et abolies en 1964, autorise la ségrégation et légalise toutes formes d’autoritarisme au XXe siècle : nazisme, fascisme et apartheid en particulier. Au lieu de provoquer un autre déluge sélectif, la divinisation de la science bascule dans sa politisation tel un enchaînement cumulatif à effet dépressif profond : krach boursier, chômage, faillite, passivité, thésaurisation de l’or, déflation, protectionnisme. Le premier New Deal (1933-1943) consacre néanmoins le désir de « dire la vérité au pouvoir », par la scientifisation de la politique. Le Gouvernement de L’Etat Fédéral crée en conséquence le National Resources Planning Board, NRPB (1933) déclenchant l’opposition du Congrès et de la Cour Suprême qui obtiennent sa fermeture une décennie plus tard. C’est dans ce contexte difficile que nait pourtant une connaissance transdisciplinaire ou Policy Analysis Science, théâtre d’innombrables « paradigms wars » autour de son noyau dur (Analyse Positive) et de sa couronne protectrice (Analyse Normative) et dont il réussi en moins d’un siècle à opérationnaliser la méthodologie.
La 2e Guerre Mondiale et la Guerre Froide font le reste quand Manhattan Project (1943-45) fait basculer la science de la guerre dans la guerre puis l’exode des cerveaux et de leur "kidnapping" pour fabriquer des bombes nucléaires, alimenter la course aux armements y compris dans l’espace interstellaire. Il structure l’agenda scientifique mondial autour d’un modèle de système d’innovation nourri d’externalités de réseaux qui impulse une société fondée sur la connaissance au profit de trois pôles : académie, gouvernement, militaire. Une approche de type « Triple Hélice » qui interpelle quand elle assimile chacun de ces acteurs à un des trois paradigmes - dans l’ordre, méthodologie, épistémologie, ontologie - fait de la science un enjeu, une ressource nationale émettant une multitude de signaux et de bruits annonciateurs de ruptures radicales, relatives, créatrices, destructrices selon le cas. Par ailleurs, à la distinction traditionnelle entre sciences pures et connaissance utile ou capital, se substitue une autre entre connaissance scientifique ou science fondamentale, savoir ou sciences appliquées (de transfert, policy analysis, cognitives…), information ou sciences de l’artificiel, données ou sciences de l’ordinateur (numérique, Big Data, IA, crypto-quantique…).
Le signal le plus évocateur vient de son rapport avec la méthodologie scientifique, l’approche dite "normative", en particulier qui puise dans le « réalisme naïf » avant que la dérive positiviste en acte le déclin au profit de la méthodologie exploratoire de type évaluative ou prospective selon le cas.
L’opérationnalisation de la méthodologie normative prend une tournure exceptionnelle avec la création du United States Government Accountability Office (Gao), véritable précurseur dès 1921. L’Etat Fédéral anticipe l'onde longue de croissance (1945-1970) en investissant massivement dans la recherche quantitative et qualitative. La science de transfert dont l'ingénierie des systèmes complexes permet des exploits à travers Sage, Atlas, Rand, Delphi et facilitent les interactions au sein du complexe militaro-industriel-académique, force motrice de la triple hélice.
Un pas décisif est franchi quand Gao réussi dès 1972 à opérationnaliser la méthodologie normative à travers le Yellow Book publié en 1980, puis sous forme de Government Audit Standards (GAS) en 1988 qualifiés selon leurs objectifs : audits financiers ou audits de performance, enfin en effectuant parmi ces derniers la distinction entre les audits de l’économie et de l’efficience et les audits de programme. Devenus Generally Accepted (Gagas), elles sont répliquées dans toutes les Cours des Comptes du monde, dès 1953 avec la création de "International Organization of Supreme Audit Institutions (INTOSAI). Une réplique mécanique, sans aucun apport théorique ou conceptuel, aussi bien par les Nations Unies à travers JIU (Normes de Gouvernance Joint Inspection Unit ; 1976 ; Norms and Standards for Inspection 2013 ; The Norms and Standards for Evaluation 2012, General Principles and Guidelines for Investigations 2013) et Cepa (Committee of Experts on Public Administration Strategy guidance note on Multi-Level Governance 2024). De même en Europe dès la création de la sienne en 1977 puis l’Ocde (Normes de qualité pour l’évaluation du développement 2010). Cette période est aussi celle du capitalisme cognitif, scandée par des efforts soutenus pour consacrer la figure de l’entrepreneur politique, détourner la recherche scientifique au profit de ses idéologies politiques.
Le statut de couronne protectrice est interpellé en tant que terrain favori des plus grandes controverses - égalité vs équité, approche évaluative vs prescriptive, approche commutative vs redistributive - accentuant l’emprise des Groupes d’Intérêt à Agenda Privé (Giap) et des normes sur le courant positiviste. Leur activisme au sein de la « Triple Helice » déclenche collusion et capture. Bien plus qu’un simple dualisme tel que formulé par Stuart W. Leslie dans « The Cold War and American Science: The Military-Industrial-Academic Complex at MIT and Stanford. Columbia University Press, 1993 ». Leur pouvoir se renforce à mesure que les chocs et crises se multiplient avant d'atteindre le comble suite aux attaques du 11/09 et l'invasion de l'Irak. Le coup exorbitant de cette guerre et les conséquences sur le rapport aux alliés et partenaires mettent l'action de l'état à rude épreuve au point d'affecter la validité et la fiabilité de l'approche normative. Celle dernière est à présent à la croisée des chemins : rester cet oxymore ayant amorti les dégâts causés par la dérive positiviste depuis les années 80, dont « Tina Reagan » consacre la scientifisation de la politique à la suite du « tournant argumentatif », quitte à faire évoluer la boîte à outils ; ou basculer dans l’univers « Science Bush », le concept caméléon à l’origine de tant de désastres : bulle financière (2000), attaques du 11/09 (2001), guerre en Irak (2023), crise des subprimes (2006) et Grande Récession (2008).
Plusieurs signaux l’inscrivent à ce stade dans cet univers. L’Etat Fédéral devient progressivement un enjeu dès lors que les attributs de sa souveraineté sont pris dans un étau malgré deux alertes. La première (Gao, 2022 : GAO-22-3SP Trends Affecting Government and Society) pointe le sort de deux attributs - fiscal et monétaire - si la dette surpasse de 200% le PIB en 2048 se traduisant par la perte de tout pouvoir de prêteur et de marché. La seconde (US Department of Defense: 2022 National Defense Strategy ) disponible en 2024 pointe à son tour la perte de l’ attribut militaire dès à présent quand « les chances des États-Unis de participer à une guerre majeure sont les plus élevées depuis 80 ans, et leur armée n’est pas préparée à y faire face ». Les deux rapports s’accordent sur un diagnostic sévère : « pas (suffisamment pour le premier) préparés » face au risque de bascule du statut d’acteur majeur ou Hegemon à celui d’enjeu ou proie au profit de partenaires malin (tentionnés) et des ennemis. Leur surmédiatisation déclenche deux clameurs - Hitler Reviens ! Jim Crow Reviens ! - qui polluent l’atmosphère mondiale depuis, au point de propulser au-devant de la scène des figures d’entrepreneur politique affichant ouvertement en incarner toutes les formes y compris les plus caricaturales. Les décisions prises depuis ambitionnent tout simplement de reconfigurer l’Etat Fédéral suite à l’abandon de la méthodologie normative au profit d'un modèle d'analyse réducteur fondé sur un seul mode (Department), niveau (Gouvernement) et critère (Efficience).
Le changement de paradigmes ne tient même pas compte des progrès de la recherche pourtant consacrés par GAO grâce au modèle multimode (département, agence, programme…), multi-niveau (du local au fédéral, du national au mondial) et multicritères (cohérence, atteinte des objectifs, efficacité, efficience, pertinence, impact). Néanmoins cela suffit pour structurer l'agenda mondial tout en suscitant un tourbillon de critiques dont celles du milieu scientifique le plus impliqué dans la méthodologie normative ( Hks, Mit...). Cependant aucune alerte sur la nature réelle de ce changement quand les mesures prises servent de contre feu pour effacer toute trace susceptible de conforter l'hypothèse avancée par J. Stiglitz sur les Three Trillion Dollar War (Nber) de plus en plus robuste à l'occasion d'une No-Fly-Zone au dessus de l’Irak en 2003 et confirmé en 2008 sur le coût réel de cette guerre. La dégradation de la note du Complexe Militaro-Industriel-Académique-Monétaire (Miam) des Us oblige les groupes d’intérêts et réseaux ubiquitaires à chercher des bouc-émissaires et noyer les preuves. Les plus visibles d’entre eux se lancent à leur tour dans un holdup pour récupérer au moins $2 trillion” des $6.75 trillion du budget fédéral, quitte à recruter des volontaires ou de la "chair-à-canon » moyennant $5000. C’est ainsi qu’une « police scientifique », décrète en toute ignorance, l'abandon de la méthodologie normative au profit d'une prétendue « science normative », plonge dans un « Tripe Trap » entrainant tout un pays dans la « Fatal Error ».
Le voilà à présent dépouillé de tous ses attributs de la souveraineté au profit des plus visibles milliardaires et panneaux publicitaires 2.0.
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Heil Science MAGASTNA !
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*Sams Dine SY, 19/05/2025
Animateur de la plateforme Open Science https://samsdinesy.org/
dédiée à la Distance Science et ses retombées reproductibles : Dynamique Volitive, Prospective Exploratoire, Policy Analysis, Transformation Systémique
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